Vladimir Nabokov

NABOKV-L post 0006693, Sun, 25 Aug 2002 19:51:09 -0700

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Fw: "Comment Nabokov sut faire d'une pauvre petite pétasse... "
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From: Yannickec@aol.com
To: nabokv-l@listserv.ucsb.edu
Sent: Sunday, August 25, 2002 5:03 PM
Subject: "Comment Nabokov sut faire d'une pauvre petite pétasse... "


Lolita Pille, 19, just published a first novel called Le roman de la PĂ©tasse (The novel of a Bitch)


http://livres.lexpress.fr/critique.asp/idC=4833/idR=9/idG=3

Le roman de la pétasse

par Olivier Le Naire

Elle sniffe, elle boit, elle flambe. Mais, surtout, elle s'ennuie. Et nous avec

Evidemment, on n'aimerait pas trop jouer les pisse-froid en plein mois de juillet, quand les copines sur le point de partir en vacances nous demandent si l'on n'aurait pas quelque part le livre branché de l'été: «Tu sais, le roman de la pétasse...» Ledit roman s'intitule Hell et débute effectivement ainsi: «Je suis une pétasse.»

Le jour où Lolita Pille - 19 ans, teint mat, Adidas gris argent et moue dédaigneuse - lui a présenté son manuscrit, Frédéric Beigbeder a tout de suite flairé le coup. Et plutôt que de renvoyer Lolita chez papa et maman avec une bonne fessée le temps qu'elle apprenne à lire et à écrire, l'auteur de 99 Francs l'a directement adressée à son éditeur. Chez Grasset, ce fut un cas de conscience: allait-on titrer vendeur (Je suis une pétasse) ou la jouer plutôt branché (Hell, du prénom de l'héroïne)? Autre dilemme: accorderait-on la première interview à Ardisson ou à Fogiel, qui s'entre-déchiraient déjà pour cette «exclusivité»? Le métier d'éditeur est parfois cornélien.

Le milieu littéraire ne manquant pas de pétasses prêtes à écrire, qu'est-ce que celle-ci a de particulier pour avoir vendu en un mois 25 000 exemplaires de ce livre? D'abord, un bon sujet: l'histoire de Hell, une gosse de riches paumée, qui, avec sa bande de fils à papa des quartiers chics de Paris, carbure au gin, au fric, à la coke et aux antidépresseurs. Du Queen aux boutiques de l'avenue Montaigne, elle traîne son ennui, ses cartes gold, son mépris et ses sandales Prada en «classe A», jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse d'un de ses semblables et que l'affaire se termine mal.

Si Lolita Pille en connaît long sur les pétasses, il lui reste, en revanche, tout à apprendre en littérature. On lui demandait juste de nous amuser, de nous surprendre un peu. Or son livre si convenu, si faussement scandaleux, écrit avec une truelle en argent, est ennuyeux et sinistre comme un pétard éteint. Du Harlequin relooké Gucci. Dommage qu'avec un tel prénom Lolita Pille n'ait sans doute jamais ouvert un vrai livre. Elle aurait alors appris comment Nabokov sut faire d'une pauvre petite pétasse une icône de la littérature, en commençant par ces mots: «Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins.»

(Translation: Too bad that despite her first name, Lolita Pille never opened a real book. She would have learnt then how Nabokov could make a literary icon from such a "whorelet" (literally : wretched little bitch), opening his novel with these words: "Lolita, light of my life, fire of my loins". )
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