Vladimir Nabokov

NABOKV-L post 0011453, Fri, 6 May 2005 04:23:10 -0700

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Nabokov and fashion: ainsi s'intitulait l'avant- dernier roman de
Vladimir Nabokov ...
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Subject: ainsi s'intitulait l'avant- dernier roman de Vladimir Nabokov ...
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Transparences
La transparence vue par Dominique Sirop dans sa collection
Printemps-été 2005. Photo R. Vialeron/Le Figaro. Tout le monde se
souvient que le mot - ou concept - de transparence se traduit en
russe par le célèbre glasnost, politique de divulgation de
l'information engagée en 1985 en URSS par Mikhaïl Gorbatchev. Nous
...
Friday 2005-04-22, Le Figaro (French) [3] Transparences
Dans la restauration, la culture, la décoration, la mode ou
l'architecture, on ne cache plus : on dévoile et on montre. Bienvenue
dans la vie translucide.

PAR SÉBASTIEN LE FOL ET FRANÇOIS SIMON, AVEC FLORENCE BOURGAIN,
GILLES DENIS, LAURENCE HALOCHE, PIERRE LINDECI ET ANTHONY PALOU
[29 avril 2005]

La transparence vue par Dominique Sirop dans sa collection
Printemps-été 2005.
Photo R. Vialeron/Le Figaro.

Tout le monde se souvient que le mot - ou concept - de transparence
se traduit en russe par le célèbre_ glasnost,_ politique de
divulgation de l'information engagée en 1985 en URSS par Mikhaïl
Gorbatchev. Nous connaissons aujourd'hui la suite de l'histoire sur
le bout de nos doigts européens. La politique et la transparence ont
eu, par le passé, des problèmes de couple. Le mensonge étant
consubstantiel au pouvoir, l'opacité est reine. Transparence est un
terme presque minéral. Ne dit-on pas d'une pierre qu'elle est
transparente si l'on peut reconnaître un objet à travers son
épaisseur ?_ La Transparence des choses,_ ainsi s'intitulait l'avant-
dernier roman de Vladimir Nabokov, qui était en fait une métaphore -
une parodie, plutôt - de l'immatérialité. Dans les objets qui nous
entourent, les aliments qui nous attendent, les murs qui nous
observent, est rassemblé notre patrimoine, non pas génétique -
quoique... -, mais la somme de ce que nous sommes. Il nous faut lire
à travers les choses : radiographier ce que nous consommons, ce que
nous regardons, ce que nous touchons. Découvrir et analyser le
squelette de notre assiette, de notre voisin, de notre habitat : une
vie placée sous le signe du scanner. Dans les années 80, qui
marquèrent le début de la mode opalescente, les montres Swatch
dévoilaient leur mécanisme et l'architecte sino-américain Ieoh Ming
Pei inventait la pyramide de verre dans la cour Napoléon du Louvre.

Les couturiers pouvaient voir la lumière à travers leurs mannequins
étiques, dont Kate Moss était la princesse translucide : peau
diaphane laissant apparaître les veines bleues et les os fins ; la
blancheur quasi maladive, le teint hyalin et le regard limpide de
porcelaine, il fallait être clair comme un cierge. La haute couture
inventait des transparents de dentelle et des suaires en guise de
robes. Aussi l'eau minérale est-elle devenue la boisson qui nous
régénère : dans les publicités, on la voit envahir les moindres
organes de notre corps. Elle coule en nous comme une source de
bien-être. Qui est le petit malin qui disait que_ «le vin rend
l'homme transparent»_ ? Doit être mort et enterré, celui-là. Dès que
vous avalez une cuillerée d'un yaourt au bifidus actif ou d'un sirop
antitussif, vous avez l'impression que tout le monde sait ce qui se
passe dans votre intestin ou vos bronches. Désagréable sentiment de
vivre dans un institut de radiologie. Dernière chose : qui se
souvient de cette feuille où étaient tracées des lignes noires
parallèles dont les écoliers se servaient pour essayer d'écrire droit
en la glissant sous leur papier ? Le maître écrivait alors sur le
bulletin des cancres et des maladroits :_ «Ne sait pas écrire sans
transparent.» _

CONSOMMATION EXPERTE
Il faut croire que l'époque est bien inquiète pour attendre des
aliments une sorte de transparence, des sauces à l'eau, des émincés
de poisson. On arrive même à rendre un boeuf diaphane (le carpaccio),
bientôt on pourra lire à travers le chocolat. Cela correspond à un
mouvement pendulaire qui nous offrit il y a peu des plats
sophistiqués, mentaux, opaques. En réaction sont apparus le verre à
vodka, l'assiette de verre, les verrines. Même les chefs sont devenus
transparents. On les croit en cuisine, ils voguent ailleurs.
Cette obsession de la traçabilité s'est faufilée à tous les étages du
frigo. Le consommateur averti (ou qui se flatte de l'être) a fait
monter de plusieurs crans ses exigences : le 0% de matières grasses
ne suffit plus pour l'engager à manger du yaourt. Il entend connaître
les effets scientifiques (la calorie se traque centimètre en main),
l'intégralité du circuit de distribution et le prénom des
laitières... Il n'est pourtant ni bio par philosophie ni pro-commerce
équitable par éthique. Il est expert par nécessité. La vache folle a
fait des petits et la traçabilité se décline sur les rayonnages et
dans l'assiette. Les restaurateurs les plus pointus ne se contentent
plus de la mention «viande française» : ils affichent désormais le
nom de l'éleveur, la date d'abattage et se retiennent pour ne pas
fournir un brin d'herbe authentifiant le pré-salé...
Hors du rayon frais, même souci : les notices des cosmétiques et
autres crèmes amincissantes semblent extraites du_ Lancet,_ et la
Croix-Rouge en logo orne mousse à raser _(Task Essential),_ petite
robe noire ou chemisiers (des Belges_ AF Vandevorst_).
Et ça marche : dans un monde sans repère, l'homme du XXIe siècle a
ainsi l'impression d'être un peu maître de son quotidien. Illusion
presque parfaite... Car cette transparence n'est qu'un miroir sans
tain derrière lequel se cachent les as du marketing, qui ont compris
ce besoin de réassurance. Monsieur Jourdain faisait de la prose sans
le savoir... Nous sommes tous des experts «à l'insu de notre plein
gré».

LA CULTURE «MAKING OF»
Les innovations technologiques n'ont pas seulement une influence sur
notre manière de vivre, elles modifient aussi notre façon de penser.
Prenez le DVD, avec ses fameux bonus (scènes inédites, coulisses de
tournage, explications techniques), il a introduit une nouvelle
manière d'appréhender les oeuvres cinématographiques. Les suppléments
importent autant que le film. Le public exige désormais la même mise à
nu en littérature ou en peinture. Aujourd'hui, l'artiste est sommé
d'ouvrir son atelier et de montrer ses outils. Quand il ne doit pas
se soumettre à une séance de psychanalyse en public. Les écrivains
sont particulièrement exposés à cette nouvelle manie. Etre invité
dans une émission littéraire revient souvent pour eux à comparaître
devant un tribunal. Ou, dans le meilleur des cas, à se rendre chez le
radiologue. Ils doivent tout justifier : le nom de leurs personnages,
le décor, le nombre de pages... C'est le diktat de l'interactivité.
Une oeuvre, ça se discute, comme dirait l'autre. Au diable le mystère
de la création !

ETOFFES LÉGÈRES
Pauvre transparence ! Fille de rien, volontiers discrète, souvent
invisible, imperceptible. Et pourtant... Mieux que l'épate ou
l'extravagance, elle attise le regard, le capte aussi sûrement qu'un
appât. Pour peu qu'on lui laisse le champ libre, elle sait donner aux
étoffes ces apparences légères qui convoquent l'été en toute saison.
Impossible d'oublier le fourreau en perles de Betty Blythe
interprétant la reine de Saba, les robes blanches choisies par Jean
Harlow et Marilyn Monroe pour flirter avec les contre-jours ou les
jupes plus fines que des ailes de papillon plaquées sur les hanches
des jeunes filles en fleurs d'Eric Rohmer. Aujourd'hui plus encore
qu'hier, la mode décline les matières frivoles et suggestives :
cafetan néohippie chez Paco Rabanne, jupon en dentelle beige chez
Jean Paul Gaultier, polo en mousseline couleur cacao
semi-transparente chez Calvin Klein, robe lingerie à détails de
chantilly chez Nina Ricci, débardeur en tulle de soie chez
Balenciaga, à porter seul ou sur un balconnet en plumetis de Fifi
Chachnil... De l'audace, prétexte au rêve et au fantasme. Comme nulle
autre, la transparence aime sublimer le corps des femmes et, sans les
déshabiller, en souligner la sensualité. A s'en tenir à l'apparence,
pourtant, on ne l'aurait pas distinguée.

FINI LES PARTIES DE CACHE-CACHE
Du Grand Palais à la pyramide du Louvre, de Johnson à Sejima, on peut
lire l'aventure de l'architecture moderne comme une quête de la
transparence. Toits, murs, baies, tout ce qui avait jusqu'alors pour
fonction de délimiter le dedans et le dehors s'ouvre, encourage le
regard, exalte la lumière. La paroi ne cache plus, elle expose. Dans
l'échelle des valeurs, l'aérien a pris le pas sur le solide, l'humeur
est à l'indétermination, la tendance à l'immatériel. Parfois jusqu'au
lieu commun (au_ «c'est moderne, tout communique»_ des bourgeoises de
Jacques Tati a succédé un_ «c'est moderne, tout est transparent»_). On
oubliera l'inévitable lot d'horreurs (vérandas verrues, baies vitrées
fournaises et autres patios à courant d'air), pour recommander
quelques chefs-d'oeuvre de cette architecture de l'invisible. A
Paris, la Fondation Cartier de Jean Nouvel, abolition des limites
entre l'intérieur et l'extérieur. A New York, la tour LVMH de
Christian de Portzamparc, jeu de translucidités et de reflets. A
Tokyo, le bâtiment Tod's de Toyo Ito, rythme de transparences et
d'opacités. Au Japon toujours, les maisons sans murs _(wall-less
house)_ de Shigeru Ban. A Floirac (Gironde), la maison Latapie de
Lacaton & Vassal, avec sa vaste serre en polycarbonate. Et puis deux
références : la Maison de Verre de Pierre Chareau, à Paris, et le
pavillon de Mies Van der Rohe, à Barcelone. Indémodables.

OBJETS TRANSLUCIDES
Non, le polyméthylméthacrylate injecté n'est pas une maladie
incurable. C'est une façon pour Philippe Starck d'accommoder la
transparence à Miss K (151 euroschez Conran Shop), séduisante lampe
de table à abat-jour «aluminisé». Cassant et jaunissant, le Plexiglas
est en fin de règne. Les matériaux rajeunissent. Polyéthylène,
acrylique et, surtout, polycarbonate... la tendance du design
luminaire et mobilier est au translucide, rebaptisé «coloris cristal»
par les spécialistes. Le géant italien Kartell en est un des
pionniers. Les lampes se font discrètes. Témoin, l'applique imaginée
par Blandine Dubos pour Ligne Roset (196 euroschez Lafayette Maison),
profilée en chandelier du XVIIe siècle. Bourgie, le succès de
Ferruccio Laviani (168 euros chez Conran Shop), s'inscrit dans cette
veine du couple transparence-néoclassicisme. Louis Ghost, la
chaise-fantôme de Starck, en est un autre avatar. Elle compte parmi
les étoiles montantes des listes de mariage.

_Kartell : www.kartell.it[4] ; Lafayette Maison, 34, bd Haussmann,
75009 Paris ; The Conran Shop, 117, rue du Bac, 75007 Paris ,
www.conran.com[5]_

Links:
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[1] http://www.lefigaro.fr/
[2] http://www.lefigaro.fr/magazine/20050422.MAG0002.html
[3] http://www.lefigaro.fr/perm/une_journal.html
[4] http://www.kartell.it
[5] http://www.conran.com

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